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Un jour, on le voit dans la joie ; il vient d’assister au début du rhéteur Palladius, dont la parole dorée a ravi tout l’auditoire. Une autre fois, la ville de Milan lui demande un professeur d’éloquence ; il fait appeler un jeune Africain dont on lui vante le savoir et le talent. Il lui propose un sujet d’éloquence, l’entend, le goûte, et l’envoie aux Milanais. Le jeune homme était Augustin, et Symmaque ne savait pas quel tort il faisait à ses dieux en donnant ce disciple à l’évêque Ambroise.

Une autorité littéraire si bien établie était encore relevée par l’éclat des dignités politiques. Successivement gouverneur de la Lucanie, proconsul d’Afrique, préfet de Rome, consul enfin ; politique versatile, mais administrateur intègre, Symmaque était devenu le lien de la noblesse romaine, l’âme du sénat, qu’il appelait sans hésiter la meilleure partie du genre humain. Il y voyait, en effet, le dernier asile des doctrines au service desquelles il avait mis son talent et son crédit. Comme les vieux patriciens dont il croyait renouveler les exemples, il avait voulu réunir en sa personne les honneurs religieux et civils, et joindre aux faisceaux consulaires les bandelettes du sacerdoce. Appelé au collége des pontifes, il y portait une ardeur scrupuleuse, gourmandant la timidité de ses collègues, déplorant l’abandon des sacrifices, aussi empressé d’apaiser ses dieux par des victimes que de les défendre par des discours.

Ce païen zélé, respecté, savant, méritait assurément de porter la parole au nom du polythéisme, quand le culte vaincu plaida pour la dernière fois sa cause pu-