Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.

complissait, et les héritiers de cette philosophie alexandrine qui avait fait profession de recueillir toutes les lumières du monde ancien, en avaient renouvelé tous les délires.

C’est ainsi que les néoplatoniciens restauraient le paganisme. Ils le restauraient précisément comme il convenait à une société vieillie, lasse de doute, incapable de foi, mais capable de toutes les superstitions. Ils trouvaient un accueil assuré chez l’aristocratie païenne dont ils secondaient les vues, et cette même école, qui s’était tournée en secte religieuse, servit à fortifier un parti politique. En effet, les familles sénatoriales attachées au paganisme n’avaient pas suivi la cour à Constantinople, à Milan, à Ravenne ; elles restaient à Rome et remplissaient de leur majesté patricienne la capitale abandonnée des Césars. Là, elles pensaient garder le foyer de l’empire, et par leur fidélité aux anciennes cérémonies détourner encore la colère des dieux. Elles attiraient, elles couvraient de leur patronage et de leurs applaudissements les lettrés qui défendaient les vieux intérêts avec les vieux autels. Grâce aux explications allégoriques, les nobles goûtaient la douceur de croire autrement que le peuple, tout en conservant les institutions des ancêtres. Retranchés derrière les enseignements de Porphyre et de Macrobe, ils regardaient avec pitié le délire de la foule entraînée au baptême, et ne cachaient pas toujours leur mépris pour les princes chrétiens, qu’ils accusaient de tous les maux de l’État. Ils vivaient ainsi inquiets et