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entraînait à son tour. » C’est à ce degré d’incapacité, de luxure et de barbarie, que le paganisme, se gâtant toujours et gâtant l’homme avec lui, avait conduit le peuple le plus civilisé de la terre[1].

Mais derrière les croyances populaires restait la philosophie, qui, après les avoir combattues, tenta de les corriger, et finit par les réhabiliter tout entières avec assez d’art pour leur rallier les esprits les plus éclairés de la société romaine.

La philosophie s’était annoncée d’abord comme une révolte de la raison contre le paganisme. Comment ne respecterait-on pas ces premiers sages, qu’on voit s’arracher aux fables, remonter aux sources de la tradition, explorer toute la nature, malgré les terreurs superstitieuses qui en fermaient l’accès ; et, ce qui voulait plus de courage, s’enfoncer dans les solitudes de la conscience, si désolées, tant que la lumière chrétienne n’y avait pas lui ? Ils cherchaient ainsi la cause première. Socrate y atteignit, et ce grand homme enseigna de Dieu tout ce que la création en publie. Mais le vrai Dieu entrevu faisait trembler tous les faux. Au moment donc où les philosophes mettaient à nu les bases de la société païenne, ils s’effrayèrent de les avoir ébranlées. Ils n’aimèrent pas assez la vérité, ils méprisèrent trop les hommes, et tournèrent tout leur génie à raffermir des erreurs, nécessaires, disaient-ils, au repos du monde.

  1. S. Chrysostome, Homel. 37 in Matthæum ; S. Augustin, Confess. VI, 8