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s’effaceront point chez leurs descendants. : Rem militarem et argute loqui.

Voilà donc, messieurs, le dessein que je me propose. Il ne s’agit point de suivre jusque dans ses derniers détails l’histoire littéraire du cinquième siècle : je n’y cherche que des lumières pour l’obscurité des siècles suivants. Les voyageurs connaissent des fleuves qui s’enfoncent dans les rochers, et qui reparaissent à quelque distance de leur perte. Je remonte au-dessus du point où le fleuve des traditions semble se perdre, et je tâcherai de descendre avec lui dans le gouffre, pour m’assurer qu’à la sortie je revois bien les mêmes eaux. Les historiens ont ouvert en quelque sorte un abîme entre l’antiquité et la barbarie : j’entreprends de rétablir les communications que la Providence n’a jamais laissé manquer dans le temps pas plus que dans l’espace. Je ne connais pas d’étude plus attachante que celle de ces rapports qui lient les âges, qui donnent des disciples aux morts illustres cent ans, cinq cents ans après eux, qui montrent partout la pensée victorieuse de la destruction.

Je n’affronterais pas l’obscurité d’une telle étude, messieurs, si je n’étais soutenu, poussé par vous. J’atteste ces murailles que si jamais, à de rares intervalles, j’ai rencontré l’inspiration, c’est au milieu d’elles, soit qu’elles me renvoyassent quelques-uns des glorieux échos dont elles ont retenti, soit que je me sentisse emporté par vos ardentes sympathies. Il se peut que mon dessein soit téméraire, mais vous en partagerez