Vienne et de Tolède, où les Bourguignons et les Visigoths abjurèrent l’hérésie. Plus tard, quand le manichéisme, perpétué par les Pauliciens en Orient, regagne l’Occident ; quand, sous le nom des Cathares et des Albigeois, il se trouva maître de la moitié de l’Allemagne, de l’Italie et de la France méridionale, et fit courir à la société chrétienne les derniers périls, croyez-vous, messieurs, que l’épée de Simon de Montfort en triompha ? Non, non, je ne crois pas que le feu ait jamais eu le pouvoir de vaincre une pensée, si fausse et si détestable qu’elle soit ; j’aime à supposer qu’à la vue des violences qui déshonorent la croisade et qu’Innocent III réprouva, beaucoup de cœurs nobles balancèrent. Ce qui les fixa, ce qui rattacha le monde chrétien à l’orthodoxie, ce fut l’éclatante supériorité de la saine doctrine exprimée par saint Augustin, le plus ferme et le plus charitable des hommes. Et dans cette lutte, dont il faut détester, mais non pas exagérer les excès, le champ de bataille resta, non pas à la force, mais à la vérité.
Comme toutes les grandes doctrines, le christianisme est l’âme d’une société qu’il façonne à son image, et, au cinquième siècle, ce grand ouvrage semblait déjà près de son achèvement. La papauté, dont on voit l’autorité universellement reconnue dès le temps de saint Irénée et de Tertullien, qui préside à Nicée, à qui le concile de Sardique défère le jugement des évêques, trouve en la personne de saint Léon le Grand un esprit aussi capable de défendre ses droits que de comprendre ses de-