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l’approche des Vandales. Ainsi s’achève la Théodicée de saint Augustin, que saint Anselme reprendra pour la pousser au dernier degré de précision, et que saint Thomas d’Aquin n’aura plus qu’à mettre en forme, en y rattachant toute la richesse de ses corollaires. L’évêque d’Hippone restera le maître de ces générations philosophiques dont les disputes remplissent le moyen âge. La tradition populaire le représentait ainsi : on lit dans la Légende Dorée qu’un moine ravi en esprit, ayant contemplé le ciel et l’assemblée des élus, s’étonna de n’y pas voir saint Augustin. Et comme il s’enquérait du saint docteur : «  Il est plus haut, lui répondit-on, il est devant la Trinité sainte, dont il dispute pendant toute l’éternité. »

En effet, les mystères ne découragent pas le génie de saint Augustin, Il a dit cette grande parole : « Aimez à comprendre, Intellectum valde ama. » Et, dès lors, il devient le guide des théologiens qui voudront, comme saint Anselme, mettre la foi en quête de l’intelligence, Fides quaerens intellectum. Ce n’est donc pas seulement l’idée de Dieu, c’est toute l’économie des dogmes chrétiens qu’il embrasse dans ses méditations, et il ne reste ni si profondes obscurités qu’il n’éclaire, ni controverses si périlleuses qu’il évite. Deux sortes d’hérésies faisaient le danger du siècle, les unes sorties du paganisme, les autres des écoles philosophiques. D’un côté, les manichéens ramenaient les doctrines de la Perse ou de l’Inde, la lutte des deux principes, l’émanation des âmes, la métempsycose. Ces erreurs avaient assez de prestige