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vraies, Augustin veut aller au delà. — Mais les vérités mathématiques sont d’une clarté parfaite, et ne voudrait-il pas connaître les attributs de Dieu comme les propriétés du cercle ou du triangle ? — « Je conviens, réplique-t-il, que les vérités mathématiques sont très claires. Mais de la connaissance de Dieu j’attends bien une autre joie et un autre bonheur. »

Il commence donc à marcher hardiment, mais sûrement dans le chemin de la science divine. Il va quitter l’Italie, cette terre de séductions, et, tandis qu’il attend à Ostie le vent favorable, un soir, appuyé avec sa mère à la fenêtre de la maison et contemplant le ciel, il engage l’admirable entretien dont il a conservé la mémoire au neuvième livre des Confessions. « Nous conversions donc seuls, avec une infinie douceur ; oubliant le passé, allant au-devant de l’avenir, nous cherchions ensemble quelle sera pour les saints la vie éternelle… Élevés vers Dieu par l’ardente aspiration de nos âmes, nous traversions toutes les régions des choses corporelles, et le ciel même d’où le soleil, la lune et les étoiles répandent leur lumière. Et, tout en admirant vos œuvres, Seigneur, nous montions plus haut, et nous arrivions à la région de l’âme, et nous la dépassions pour nous reposer dans cette sagesse par qui tout a été fait, mais qui n’a pas été faite, mais qui est ce qu’elle a toujours été, ce qu’elle sera toujours ; ou plutôt il n’y a en elle ni passé, ni futur, mais l’être absolu : car elle est éternelle ! Et, en parlant ainsi et avec cette soif de la sagesse divine, nous y touchâmes