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s’ensevelir tout entière sous les ruines de l’empire romain. Il reste à connaître le principe nouveau qui la sauva. Il faut voir comment le christianisme, qu’on a cru l’ennemi de la civilisation antique, porta sur elle une main sévère, mais bienfaisante, et la prit comme un malade qu’on traite durement, mais qu’on n’affaiblit que pour le conserver.

La fin du quatrième siècle est encore toute retentissante des voix pathétiques des Pères. M. Villemain a rendu justice à ces maîtres de l’éloquence chrétienne, dans un livre qu’on ne recommencera pas. Je n’ai garde de toucher à un sujet dont il a fait, selon l’expression d’un ancien, sa possession immortelle. J’ai promis d’oublier l’Orient ; en Occident, saint Ambroise est mort en 397 ; saint Jérôme, retiré en Palestine, n’agit plus que par l’autorité de son infatigable correspondance. Mais saint Augustin reste, il remplit de sa présence les premières années du cinquième siècle, et de sa pensée les siècles qui suivront. Nous n’avons pas à refaire ici l’histoire de saint Augustin, à peindre une fois de plus ce cœur tendre et impétueux, cette âme tourmentée et désireuse de lumière et de paix. Et qui ne connaît sa naissance sous le ciel africain, ses études à Madaure et à Carthage, ses longs égarements, et cette conduite de la Providence qui le mène comme par la main à Milan, aux pieds de saint Ambroise, et les derniers combats de sa volonté frémissante sous les coups de la grâce, et la voix qui lui crie : Tolle et lege ? Dans les écrits de ce grand homme, nous étudierons ce qui est plus grand