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chaîner des dactyles et des spondées, sans remuer en même temps toutes les réminiscences de la Fable : soit qu’il compose en vers le panégyrique de l’empereur Avitus, ou celui de Majorien après la déposition d’Avilus, ou celui d’Anthémius après la déposition de Majorien, il dispose toujours des mêmes dieux, qui ne se lassent point de servir au triomphe du vainqueur. Heureusement le panégyriste se lasse avant eux : Sidoine Apollinaire se convertit, il devient évêque, il deviendra saint. Il sera maître de ses passions ; il ne le sera pas de ses souvenirs. Il faut voir, dans un excellent chapitre de mon ami M. Ampère[1], les combats de cet esprit partagé, la foi déjà victorieuse en lui, et cependant la mythologie le possédant si bien, que, s’il écrit à saint Patient, évêque de Lyon, pour le féliciter d’avoir distribué du blé aux pauvres, il ne trouve pas de louange plus digne du charitable prélat que de l’appeler un autre Triptolème.

C’est la fin de la poésie ancienne, bien que Sidoine Apollinaire trouve encore un disciple, au sixième siècle, en la personne de Fortunat, et que les écrits de Claudien aient des copistes et des imitateurs en grand nombre dans les monastères du moyen âge. Mais l’antiquité devait offrir aux temps qui la suivirent des leçons plus sévères. Rome, en perdant le génie, avait du moins gardé la tradition ; elle avait fait de l’enseignement une magistrature ; et, dans les écoles impériales du Capi-

  1. Histoire littéraire de la France, t. II.