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l’Église, avait reçu du pape le gonfalon de saint Pierre. Harlembald rallia son parti découragé, en resserra les rangs par un nouveau serment communal, soutint contre les nobles une guerre opiniâtre, les jeta hors de la ville, et mourut enfin dans son triomphe, un jour qu’à la tête des siens, tenant à la main le gonfalon de saint Pierre, il repoussait un dernier assaut. Mais alors Grégoire VII était pape ; il acheva l’œuvre du diacre et du chevalier. La simonie et le concubinage furent vaincus, la noblesse réduite au partage des fonctions ; et la commune de Milan garda cette forte organisation plébéienne qui, pendant deux cents ans, fit l’appui des papes et l’inquiétude des empereurs.

Tandis que les villes de Lombardie et de Toscane se constituent en républiques et traitent d’égal à égal avec les rois, l’esprit communal passe les Alpes, le Rhin et les Pyrénées. Après les admirables travaux de M. Augustin Thierry, qu’est-il besoin de montrer comment un esprit libérateur ravivait, ici les souvenirs de la municipalité romaine, là les traditions de la ghilde germanique ? S’il ne réussissait pas à rendre les villes souveraines, il les faisait entrer en partage de la souveraineté. Leurs députés prenaient place aux États généraux. Le dogme de l’égalité naturelle semé par le christianisme produisait l’égalité politique.

Au milieu de ces luttes et de ces déchirements, il semble qu’il n’y avait point de place pour les lettres ; jamais elles n’en eurent une plus grande et ne l’occupèrent avec plus d’éclat. Il n’est pas vrai que les lettres