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Sainte des principautés et des marquisats, elle en revint meurtrie. Elle revint pour trouver en Europe trois luttes à soutenir : contre l’Église, qui réprouvait les guerres privées ; contre la royauté, qui étendait chaque jour sa juridiction au préjudice des justices seigneuriales ; enfin contre les communes, qui faisaient leur avénement.

Les communes italiennes alliées de la papauté, associées à ses périls, avaient dû partager sa fortune. J’en trouve le premier exemple dans la commune de Milan, dont on ne sait pas assez la glorieuse histoire. En 1046, un noble appelé Gui avait obtenu à prix d’or l’archevêché de Milan, il y était soutenu par un clergé corrompu et par une aristocratie oppressive. Deux maîtres d’école, le prêtre Landulf et le diacre Ariald, entreprirent de relever le siége profané de saint Ambroise. Ils réunirent premièrement leurs disciples, et, peu à peu, tout le peuple, et leur firent jurer une ligue contre les simoniaques et les concubinaires. Au bruit de ces querelles, Rome s’émut. Pierre Damien, chargé comme légat du pape de réformer l’Église de Milan, fit droit aux plaintes du peuple et réduisit l’archevêque et son clergé à signer une condamnation publique du concubinage et de la simonie. Quelque temps après, ces engagements étaient foulés aux pieds, et le diacre Ariald mourait de la main de ses ennemis. Mais il laissait un héritier de ses desseins, un homme de guerre, Harlembald, aimé de la multitude, aussi puissant par la parole que par l’épée, et qui, s’étant déclaré le champion de