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tion, de discipline, s’établissait dans les institutions monastiques pour se rétablir dans le reste de la société chrétienne quand le jour serait venu. Le jour vint. C’était la fête de Noël de l’année 1048. L’évêque Brunon, désigné par l’empereur Henri III pour remplir la chaire de saint Pierre, se rendait en Italie, et visitait en passant l’abbaye de Cluny. Un religieux italien nommé Hildebrand, le fils d’un charpentier, mais fixé à Cluny depuis quelques années par le zèle des réformes, osa se présenter au nouveau pontife et lui remontrer que la nomination de l’empereur ne pouvait conférer aucun droit dans le royaume spirituel du Christ. Il lui conseillait donc de poursuivre son voyage jusqu’à Rome, et là, dépouillant un titre sans force, de restituer au clergé et au peuple la liberté des élections. Ce que j’admire surtout, c’est que Brunon le crut, voulut l’emmener avec lui, et, arrivé à Rome, se remit à la discrétion du clergé et du peuple. Brunon fut élu pape, et Hildebrand, prenant place à côté du trône pontifical, montra déjà ce qu’il serait plus tard sous le nom de Grégoire VII.

Grégoire VII marque l’entrée d’une troisième période, qui commence encore par une défaite. On avait vu d’abord ce pontife, par la seule puissance de la parole, réduire l’empereur Henri IV, un homme charnel et sanguinaire, et tout chargé des malédictions de ses sujets, à venir au château de Canossa demander pénitence et pardon. Alors on avait pu croire la barbarie