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ORNEMENTS ITALIENS.

croire que les lettres initiales d’Aldine reproduites sur cette dernière planche, ont été gravées par les mêmes mains, qui ont exécuté les patrons damasquinés qui ornent les ouvrages en métaux de l’époque. La bible toscane de 1538 nous offre des illustrations sans nombre des objets de convention, qu’on trouve si généralement dans la sculpture cinque-cento, et dont les églises de Florence étaient ornées d’une manière si profuse. Les spécimens de l’imprimerie parisienne méritent aussi, sous tous les rapports, l’admiration du « virtuose »

Les productions de Stephan — No. 29, pris de son célèbre testament grec — de Colinseus, son élève (No. 3), de Macé Bonhomme, de Lyons, 1558, de Théodore Rihel, de Francfort, 1574, de Jacques de Liesveldt d’Anvers, 1544, de Jean Palier et de Regnault Chauldière, de Paris, offrent un grand nombre d’illustrations agréables et pleines d’intérêt des différences produites par diverses influences locales, dans les ornements de détail d’un caractère semi-antique.

Avant de faire connaître brièvement les premières causes de la décadence générale de la rénovation de l’art classique, nous allons retourner à l’Italie et jeter un coup-d’œil sur une ou deux branches de l’industrie, qu’il serait injuste de passer sous silence. La première, et celle qui offre le plus d’intérêt, c’est la verrerie de Venise — industrie qui a contribué beaucoup à répandre la renommée de Venise sur toute la surface du globe.

La prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, força les habiles artisans grecs à chercher un asyle en Italie, et les fabricants de verre, de Venise, apprirent de cas exilés la manière d’enrichir leur verrerie, par le moyen des couleurs, de la dorure et de l’émaillure. Au commencement du seizième siècle, les Vénitiens inventèrent l’art d’introduire des fils de verre colorié et blanc opaque (latticinio) dans la substance des objets qu’ils fabriquaient ; ce qui forma un ornement beau et durable, dont la légèreté naturelle convenait admirablement aux formes délicates des objets aux quels on l’appliquait. L’État garda le secret de cet art de la manière la plus jalouse, et décréta les peines les plus sévères contre tout ouvrier qui le divulguerait ou qui exercerait son métier dans un pays étranger. D’un autre côté il accorda de grands privilèges aux fabricants de verrerie, de Murano, et les ouvriers employés dans ce genre de manufacture jouirent d’une plus haute con-


Ornements de marqueterie, style Louis Seize, par Fay.

Panneaux, style Louis Seize, par Fay.
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