Page:Owen jones - Grammaire de l ornement, 1856.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ORNEMENTS DE LA RENAISSANCE.

della Robbia. L’arrivée de ces artistes et la fondation de l’école de Fontainebleau introduisirent dans la renaissance française de nouveaux éléments, dont nous parlerons subséquemment.

Nous aurions à dépasser les limites de cette esquisse, si nous allions entrer dans les détails historiques de l’art de la sculpture en bois. Aussi nous contenterons nous de remarquer, que tous les ornements adaptés à la pierre, au marbre, et au bronze, ont été appliqués aussi aux ouvrages en bois ; et que dans aucune autre époque de l’art industriel, le sculpteur n’a exercé son talent avec plus de grace pour rehausser la richesse des objets d’ameublement somptueux. Nos planches Nos. LXXXI. et LXXXII. offrent un témoignage éclatant en faveur de notre assertion. Ceux qui étudieront ces planches avec attention, ne manqueront pas d’y apercevoir l’abandonnement graduel des ornements à feuillages, qui formaient le fonds des premiers artistes de la renaissance. Ce qui frappera en second lieu, ce sera l’entassement de différents sujets et « Capricci » tirés de l’antique, accompagnés d’une certaine ampleur de projection et d’une légère tendance à la lourdeur ; et enfin on y reconnaîtra l’adoption générale d’une suite de formes particulières, et toutes nationales, différant des formes italiennes, telles que les volutes conventionnelles entrecoupées de petites entailles carrées ou oblongues (Planche LXXXI. figs. 17 et 20), et les têtes en médaillons (Planche LXXXI. figs. 1 et 17).

Il serait difficile de découvrir les traces de l’aube naissante de la renaissance des Arts en France dans les vitraux peints du quinzième siècle. Les ornements, les dais, de même que les feuillages, y sont généralement d’un caractère flamboyant et angulaire, quoiqu’ils soient finis d’une manière nette et aisée ; et les figures portent le cachet du style de dessin qui prévalait à cette époque. Le verre, tout en produisant un effet fort agréable, est beaucoup moins épais — surtout le verre bleu — que celui du treizième siècle. Le nombre des vitraux exécutés à cette époque est immense ; et on en trouve des spécimens, plus ou moins parfaits, dans presque toutes les grandes églises de la France. L’église de St. Ouen à Rouen, possède sur les fenêtres du cléristère, quelques belles figures sur un fond blanc et carré ; et on trouvera de beaux exemples des vitraux du même siècle à St. Gervais, Paris, et à Notre-Dame, Chalons-sur-Marne.

Cet art a subi de grandes améliorations à l’époque de la renaissance. On employait les premiers maîtres pour faire les cartons ; on se servait d’émail pour donner aux couleurs de l’épaisseur sans en diminuer le riche éclat, et on employait beaucoup plus de blanc. Bon nombre de ces vitraux ne sont guère autre chose que des grisailles, comme ceux de la Sainte Chapelle à Vincennes, dessinés par Jean Cousin ; parmi lesquels il y en a un, représentant l’ange sonnant la quatrième trompette, qui est admirable de composition et de dessin. La cathédrale d’Auch contient également quelques exemples excessivement beaux, exécutés par Arneaud Demole ; Beauvais possède aussi nombre de vitraux de la même époque ; entre autres, une fort belle fenêtre à arbre de Jessé, œuvre d’Enguerand le Prince ; les têtes sont d’un style grandiose, et la pose des figures rappelle les œuvres d’Albert Durer.

Les grisailles qui ornaient les fenêtres des maisons de la noblesse et même de la bourgeoisie, étaient petites mais exécutées avec une délicatesse admirable ; et elles étaient dessinées et groupées de manière à ne laisser que très-peu à désirer.

Vers la fin du seizième siècle, cet art commença à décliner ; les nombreux peintres sur verre chômaient faute d’emploi, et le célèbre Bernard de Palissy quitta ce métier dans lequel il avait été élevé, pour se dévouer à un état qui présentait de plus grandes difficultés, mais qui lui a acquis, à la fin, la plus haute renommée. C’est à lui que nous sommes redevables des charmantes grisailles, représentant l’histoire de Cupidon et de Psyché, d’après les dessins de Raphaël, qui décoraient autrefois le château d’Écouen, résidence de son grand patron, le connétable Montmorency.

Les ornements de la renaissance ne tardèrent pas à pénétrer en Allemagne, mais ils furent lents à s’emparer de l’âme des habitants, jusqu’à ce que la propagation des livres et des gravures vînt à en accélérer l’acceptation générale. Depuis long temps il y avait eu un courant constant d’artistes qui

120