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ORNEMENTS MOYEN-AGE.

Nous ne pouvons, à l’aide du petit nombre de ruines qui existent encore des décorations de l’intérieur des bâtiments, former une idée exacte de ce genre d’ornement du treizième siècle. Les ornements des manuscrits enluminés ne sauraient nous servir de guides, car après le douzième siècle le style y est rarement architectonique ; de plus il y avait un si grand nombre d’écoles différentes d’enluminations, qui empruntaient tellement l’une de l’autre, qu’on trouve souvent dans la même enlumination un mélange de différents styles. Il n’est pas probable que, pendant que les ornements sculptés étaient généralement traités d’une manière conventionnelle, les décorations du même bâtiment ne le fussent point.


Pris de la Cathédrale de Wells. Collins.

Nous donnons sur la planche LXVII., un choix des bordures qui se trouvent sur les manuscrits enluminés exécutés à partir du neuvième siècle jusqu’au quatorzième ; et sur la planche LXVIII., des diaprés de murs pris principalement des fonds des enluminations exécutées à partir du douzième siècle jusqu’au seizième. Il n’y a qu’un bien petit nombre d’ornements de l’une ou de l’autre classe qui soient dignes d’être associés au pur ornement conventionnel du style ogival du treizième siècle.

C’est pendant le treizième siècle que l’architecture atteignit le point culminant de la perfection. Les mosquées du Caire, l’Alhambra, les cathédrales de Salisbury, de Lincoln, et de Westminster, possèdent tous la même qualité : le secret de combiner l’effet général le plus large avec la décoration la plus élaborée. Tous ces édifices possèdent entre eux une certaine ressemblance : quoique leurs formes diffèrent beaucoup les unes les autres, elles ont pour bases les mêmes principes. Ils trahissent les mêmes soins à l’égard des masses principales de la composition, la même appréciation des ondulations de la forme, le même respect rigide pour les principes naturels de l’ornementation, la même élégance, et le même raffinement dans toutes les décorations.

Ce serait vainement, il faut le dire, qu’on tenterait de reproduire de nos jours un bâtiment du treizième siècle. Des murs blanchis, des vitraux peints et des carreaux encaustiques, ne peuvent seuls soutenir l’effet qu’on arrivait à produire, lorsque chaque moulure avait la couleur qui convenait le mieux au développement de sa forme, et que du plancher jusqu’au toit, il n’y avait pas un pouce d’espace qui n’eût son ornement convenable — effet qui devait être d’une magnificence au-delà de toute imagination.

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