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PRÉFACE. ix Neosatis hocfuerat : stultus quoquecarmina fecï : Artibusut possemnon rudis esse raeis, Pro quitus exsiliummiseromiliireddita merces. On a souvent comparé le siècle d’Auguste au siècle Louis XIV : mêmes troubles civils, suivis de la même tranquillité ; même gloire littéraire ; même éclat au dehors et au dedans de l’empire. Ces rapprochements sont justes, et même ils pourraient être plus exacts et plus complets ; car les siècles d’Auguste et de Louis XIVne se ressemblent pas seulement à leurs commencements, dans leurs victoires et leurs prospérités, ils se ressemblent encore dans leurs revers et à leur fin. De même que sous la vieillesse de Louis XIV il y eut à l’intérieur une réaction religieuse et des désastres éclatants à l’extérieur, ainsi la dernière partie du règne d’Auguste présente de grandes défaites et un retour de sévérité. Si la France eut son Villeroi, Rome.eut son Yarus. Auguste, sur la fin de son règne, s’occupe de réformer les mœurs ; Louis XIVdonne à ceux qu’il a scandalisés par ses galanteries l’exemple de la dévotion. Commelacour de Versailles, le palais impérial eut ses scrupules de conscience : Ovide fut une des victimes de cette réaction morale, comme chez nous la Fontaine de la réaction religieuse. Dominé par Livie, comme Louis XIV par madame de Maintenon, livré à des pratiques superstitieuses, sans conseil, sans ami, aigri, défiant, Auguste vit aussi périr la moitié de sa famille ; il perdit Marcellus, Octavie et Drusus ; mais, comme Louis XIV encore, le malheur le trouva aussi grand que l’avait trouvé la prospérité. Ce fut dans un de ces moments de sévérité qu’amenaient la vieillesse et les chagrins, dans un accès de réforme morale, qu’Auguste punit Ovide de la liberté de ses poésies. La cause ou du moins le prétexte de l’exil d’Ovide, ce fut l’Art d’Aimer, ouvrage autrefois innocent, mais devenu a.