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PRÉFACE.

truire l’effet d’une expression naturelle ou d’un sentiment vrai : poëte brillant et gracieux, mais qui laisse quelquefois douter si c’est son esprit qui imite ou son âme qui parle le langage de la tendresse. Ovide est de l’école de Properce.

Ovide naquit à Sulmone l’an 45 avant J. C. :

Sulmo mihi patria est, gelidis uberrimus undis.

Grâce aux soins de son père, il reçut de bonne heure une brillante éducation ; il suivit à Rome les leçons des maîtres les plus célèbres, et en profita : « Dès l’enfance, dit-il, les mystères sacrés furent pour moi pleins de charmes, et les muses m’attirèrent en secret à leur culte. » Il céda à cette vocation impérieuse. Son père, qui le destinait au barreau, combattait ce penchant à la poésie : « Pourquoi, lui disait-il, tenter une étude stérile ? Homère lui-même mourut dans l’indigence. » Lui, ébranlé par ces paroles, tâchait de résister à la muse et de répondre au désir paternel.

xxxxxxxxxxxxxxxx Si pectore possit
Excussisse deum…

Mais sa verve l’emportait : les mots venaient d’eux-mêmes remplir le cadre de la mesure, et chaque pensée qu’il exprimait était un vers :

Sponte sua carmen numeros veniebat ad aptos,
Et quod tenlabam dicere, versus erat.

À vingt ans, il remplit les premiers emplois accordés à la jeunesse : il fut créé triumvir. Là, nous dit-il, se borna sa carrière politique. Il y avait bien le sénat en perspective ; « mais son esprit, peu propre au travail suivi, fuyait les soucis de l’ambition, ce les nymphes de l’Aonie le con-