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de lait, là des fleuves de nectar, et du creux des vertes yeuses distillait un miel pur.

Cependant Saturne fut plongé dans le sombre Tartare, et le sceptre du monde passa aux mains de Jupiter. Alors commença l’âge d’argent, inférieur à l’âge d’or, mais préférable à l’âge d’airain. Jupiter raccourcit la durée de l’antique printemps. L’hiver, l’été, l’automne inégal et le printemps, aujourd’hui si court, partagèrent l’année en quatre saisons. Pour la première fois, l’air fut embrasé par des chaleurs dévorantes, et l’eau, durcie par les vents, demeura suspendue. Alors, pour la première fois, les hommes cherchèrent des abris. Ils prirent pour asiles des antres, d’épaisses broussailles et des branchages entrelacés d’écorce. Alors, pour la première fois, les semences de Cérès furent ensevelies dans de longs sillons, et les taureaux gémirent sous le joug. À ces deux âges succéda l’âge d’airain, d’un caractère féroce et prompt à livrer d’horribles combats, sans être pourtant criminel. Le dernier âge est l’âge de fer.

Tous les crimes se précipitèrent en foule dans ce siècle impie. Alors s’enfuirent la pudeur, la vérité, la bonne foi. À leur place