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xiv PREFACE. pas, ce semble, habituelle àl’antiquilé ; et par là aussi il a une physionomie originale. Celte facilité d’imagination l’égaré quelquefois ; car il épuise un sujet, non pas à la manière de Claudien, en l’exagérant et en le conduisant par là à tous les degrés de l’enflure, mais en ne sachant pas s’arrêter dans le développement d’une pensée, d’une expression, d’un sentiment, à celte juste mesure qui esl la vérité dans l’art comme dans la nature. Du reste, une admirable variété de figures, de tours, d’expressions, l’art de présenter sous des formes toujours nouvelles des situations semblables, de rattacher à un même but, de faire concourir à une même fin des fables si diverses et si multipliées, de renfermer dans un même cadre des figures si différentes, telles sont les qualités qu’Ovide possède au plus haut degré, à ce degré où l’esprit est presque le génie. Les Métamorphoses ne sont pas le seul ouvrage que vint interrompre l’exil d’Ovide : les Fastes en ont aussi souffert. Ce poème formait ou devait former douze chants ; Ses ego fastorumscripsi totidemquelibellos ; Cumquesuo finemmense volumenhabet. Idque tao nuper scriptum sub nomine, Coesar, Et tibi sacralum sors mea rupit opus. ’ C’était le dessein du poète ; mais il n’a pu l’accomplir. Dans son exil, il n’a trouvé sur sa lyre que des sons pour la douleur, dans son âme que des inspirations de tristesse. Cette lacune, du reste, qu’il la faille attribuer aux malheurs et au découragement du poète, ou à l’injure du temps, est une des plus grandes pertes qu’ait pu faire l’histoire. Les Fastes sont le monument le plus curieux, les annales les plus pleines et les plus intéressantes de l’antiquité : cérémonies religieuses, antiquités sacrées, origines nationales, mœurs domestiques, traditions populaires, théologies antiques, toute la vie civile, intérieure et publique de Rome, on la trouve dans les Fastes. Ovide a la