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MÉTAMORPHOSES D’OVIDE.

III. Formation du Monde.

Quand ce dieu, quel qu’il fût, en des lieux différens,
Aux élémens divers eut assigné leurs rangs,
Il façonna la terre encor brute, inégale ;
Et sa main l’arrondit en un immense ovale.
Autour d’elle à sa voix roulent les vastes mers ;
Les vents soulèvent l’onde ; ils épurent les airs.
Aux fleuves, aux ruisseaux entraînés par leur pente,
Il traça les détours où leur onde serpente :
Répandus sur la terre, ils fécondent son sein,
Courent au fond des mers se perdre en leur bassin ;
Et fiers de n’être plus resserrés dans des rives[1],
Roulent, en liberté leurs eaux long-tems captives.
Il creuse encor les lacs, les étangs, les marais,
D’une immense verdure ombrage les forêts,
Abaisse les vallons, applanit les campagnes,
Et de rocs sourcilleux couronne les montagnes.

  1. Pro ripis littora pulsant. On peut inférer du contraste de ces deux mots, pris dans leur signification rigoureuse, que dans la langue latine, comme dans la nôtre, il n’y a point de vrais synonymes. On dit, selon la propriété grammaticale, les rives du Lignon, les rivages de la mer. L’Océan et les grands fleuves ont seuls des rivages, si ce n’est en poésie. Les rivières, les ruisseaux, toutes les eaux courantes ont des rives. On en donne quelquefois improprement à la mer.