Page:Ovide - Métamorphoses, I-VII, traduction Saint-Ange, 1800.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
LIVRE PREMIER.

Les atomes pesans, les atomes légers,
L’un de l’autre ennemis, l’un à l’autre étrangers.

II. Les Élémens.

Un dieu, de l’univers architecte suprême[1],
Ou la nature enfin se corrigeant soi-même,
Sépara dans les flancs du ténébreux Chaos,
Et les cieux de la terre, et la terre des eaux,
Et l’air moins épuré de la pure lumière.
Quand il eut débrouillé la confuse matière,
Entre les élémens séparés à jamais,
II établit les nœuds d’une éternelle paix.
Le feu brille et s’élève à la première place.
L’air, voile diaphane, enveloppe l’espace.
La terre au-dessous d’eux pose ses fondemens ;
Elle entraîne l’amas des plus lourds élémens,
S’affermit par son poids ; et l’onde qui l’embrasse,
Entoure mollement sa solide surface.

  1. Ovide suppose une matière préexistante et confuse qui fut débrouillée par une cause intelligente. Il se conforme à l’idée commune aux philosophes anciens, qui n’ont jamais pu comprendre que de rien on pût faire quelque chose. Ca n’est pas que la formation du monde soit plus facile à concevoir que la création.