MÉTAMORPHOSES. LIV. IX. jiy lever les mains vers le Ciel, & implorer le secours de son pere. Dans ces entrefaites, il apperçoit Lichas pâle & trem- blant, qui cherchoit à se cacher dans une caverne. A cette vue, sa rage & sa fureur se renouvellent : » C’est donc toi, « malheureux, dit-il, qui m’as apporté ce funeste présent ? « C’est toi qui seras la cause de ma mort ? « Effrayé de ces paroles menaçantes, Lichas s’excusoit d’un air humble & ti- mide ; mais dans le temps même qu’il se laissoit tomber à ses genoux, Hercule le saisit à travers du corps, & après l’avoir fait pirouetter pendant quelque temps, il le jetta dans la mer avec plus de force & de roideur qu’une machine qui lance une pierre. Le corps de ce malheureux se durcit en l'air, comme les gouttes d’eau que le froid Aquilon convertit en neige ou en grêle, & la crainte lui ayant en même temps glacé le sang, il fut changé en ce Rocher qu’on voit encore aujourd’hui dans cet endroit de la mer Eubée, avec quelques traits d’une figure humaine. Les Matelots, qui le nomment Lichas, n’o- sent en approcher, comme s’il conservoit encore sa sensibilité. Après s’être ainsi vengé de ce trop fidèle ferviteur, Hercule donna à Phiioctete son arc & ses fléches, qui devoient être une seconde fois fatales à la Ville de Troye, coupa quelques arbres sur le Mont Œta, éleva un bûcher, étendit dessus la peau du Lion de Némée, & s’y étant couché comme sur un lit, la tête appuyée sur sa massue, avec la même tranquillité que s’il eût été à un festin, au milieu des plaisirs & de la bonne chère, il ordonna à son ami de l’allumer. ^m^’^_
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