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LES AMOURS

Où vas-tu, des amants quotidien effroi ?
Ralentis ta course rapide.
Le nocher sur les flots découvre mieux sans toi
L’étoile d’or dont l’œil le guide.
Tu parais… quoique las, repart le voyageur,
Et le soldat saisit son glaive.
Tu rappelles au joug le bœuf, pesant marcheur ;
À ta voix, le fermier se lève.
Par toi l’humble écolier, à regret matinal,
Subit la férule du maître.
Par toi la Caution devant le tribunal
Accourt d’un mot se compromettre.
Implacable, tu rends au juge, à l’avocat,
L’ennui, les procès de la veille ;
Et quand dormir est cher au sexe délicat,
Pour filer ta clarté l’éveille.

Je pardonnerais tout ; mais, à moins d’être seul,
Comment voir fuir si tôt les belles ?
Que de fois j’ai prié que la Nuit, d’un linceul,
Aveuglât tes chevaux fidèles !
Que de fois j’ai prié que d’en haut te fît choir
Le vent, ou le choc d’un nuage I
Cruelle, où voles-tu ? Si ton fils était noir,
De ton âme il offrait l’image.

Quoi ! pour Céphale un jour si tu n’avais brûlé,
Chaste encor tu pourrais te croire ?