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répondit: [5, 525] "J'avais une épouse chérie, affection de ma première jeunesse; vous me demanderez où elle est maintenant? Une urne renferme ses cendres. "Tu seras ma seule épouse," lui ai-je dit autrefois, et en lui faisant cette promesse solennelle, je vous ai pris à témoin de mes paroles. Tel fut mon serment, et j'y serai fidèle; pourtant je voudrais concilier [5, 530] deux désirs qui me partagent, être père, sans être époux. Les dieux accueillent sa demande; ils se placent tout près de la peau du boeuf; mais la pudeur ne permet pas que j'achève.... Cette peau ainsi humectée, ils la recouvrent de terre; dix mois s'écoulent, et un enfant est né. [5, 535] Hyriée, pour rappeler à quel prodige il doit sa naissance, l'appelle Urion. Un autre son, à la longue, a remplacé la première lettre du mot. L'enfant devient d'une taille énorme; Diane le prend avec elle; il est le gardien, il est le satellite de la déesse. Mais c'est assez d'une parole irréfléchie pour éveiller le courroux des dieux. [5, 540] "Il n'est aucune bête, dit un jour Orion, dont je ne puisse triompher." Tellus fait paraître un scorpion qui soudain ose dresser ses dards recourbés contre la mère des deux jumeaux immortels. Orion la protége de son corps; Latone le place au milieu des astres éclatants, "Que ton dévouement, lui dit-elle, reçoive de moi cette récompense!"

[5, 545] Mais pourquoi Orion et les autres astres se hâtent-ils de quitter l'horizon? Pourquoi la nuit précipite-t-elle sa carrière? Pourquoi le jour, précédé par l'étoile du matin, élève-t-il plus tôt qu'à l'ordinaire sa tête radieuse du sein de la plaine liquide? Me trompé-je? serait-ce un bruit d'armes que j'entends? Oui: c'est en effet le bruit des armes; [5, 550] voici venir le dieu Mars! c'est le signal des batailles qui nous annonce sa présence. Dieu vengeur, il descend des cieux pour assister lui-même à ses fêtes, dans ce temple que l'on voit s'élever au milieu du forum d'Auguste; grand est le dieu, grand est le temple. Dans la ville de son fils, Mars avait droit à cette splendide demeure; [5, 555] tel était le sanctuaire qui devait recevoir les trophées de la guerre des géants; c'est de là que Gradivus doit s'élancer aux combats terribles, soit qu'un peuple impie nous provoque à l'Orient, soit qu'aux lieux où le soleil se couche une nation rebelle demande à être domptée. Le dieu de la guerre jette un coup d'oeil sur les rebords élevés de la toiture du temple; [5, 560] il aime à y voir debout les statues des dieux invaincus; il contemple, sur les portes, des traits de formes différentes, et les armes des peuples soumis par les soldats. Ici c'est Énée, chargé de son fardeau sacré, et tant d'aïeux de l'illustre famille des Jules; [5, 565] là c'est le fils d'Ilia, portant sur ses épaules l'armure d'un chef ennemi. Sous les statues de chaque héros, on a retracé ses actions glorieuses. Il lit aussi le nom d'Auguste, écrit sur le fronton du temple, et, à l'aspect du nom de César, le monument