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d'Assaracus, pour qu'un jour le grand César comptât Jules parmi ses aïeux.

[4, 125] Aucune saison ne convenait mieux à Vénus que le printemps: le printemps pare la terre et ouvre le sein des campagnes; l'herbe naissante des jeunes blés se fait jour à travers les sillons; l'écorce de la vigne, gonflée par la sève, voit le bourgeon s'épanouir. Une saison si belle était digne de la belle Vénus; [4, 130] et ainsi encore elle se trouvait rapprochée du dieu qu'elle chérit. Au printemps, elle invite les vaisseaux recourbés à voguer sur les ondes de cette mer, qui lui ont donné naissance, et à ne plus redouter les menaces de l'hiver.

Mères du Latium, et vous, jeunes épouses, et vous qui ne pouvez porter ni les bandelettes ni la robe longue, [4, 135] rendez à la déesse le culte qui lui est dû; ôtez à la statue de marbre ses colliers d'or; ôtez-lui sa riche parure: il faut la laver toute entière. Quand son cou ne sera plus humide, rendez-lui ses colliers d'or; apportez d'autres fleurs, apportez des roses nouvelles. Vous-mêmes, lavez vos corps sous les myrtes verts: [4, 140] c'est Vénus qui l'ordonne, et je vous dirai pourquoi. Un jour, nue sur le rivage, elle séchait ses cheveux ruisselants; une troupe de satyres impudiques vient à l'apercevoir; la déesse aussitôt se cache dans le feuillage de myrtes voisins, et échappe ainsi à leurs regards; voilà le souvenir qu'elle veut perpétuer par nos fêtes.

[4, 145] Apprenez maintenant pourquoi vous offrez de l'encens à la Fortune Virile, au lieu qu'arrosent des sources chaudes; c'est là que toutes les femmes, déposant les voiles qui les couvrent, mettent à nu les défauts de leur corps; elles offrent un peu d'encens et d'humbles prières à la Fortune virile; la déesse rend ces défauts invisibles [4, 150] et les dérobe aux regards des hommes.

Mêlez un lait pur, du suc de pavots broyés, du miel exprimé des rayons, et buvez cette liqueur: ainsi fit Vénus lorsque, pour la première fois, elle fut amenée à son époux brûlant de désirs; elle but, et aussitôt elle connut les plaisirs de l'hymen. [4, 155] Rendez-vous cette déesse propice par des paroles suppliantes: c'est elle qui protégera votre beauté, vos moeurs, votre bonne renommée. Il fut un temps où Rome ne savait plus ce que c'était que la pudeur; que firent nos aïeux? ils consultèrent la vieille Sibylle de Cumes; celle-ci ordonne qu'on élève des temples à Vénus. Les temples sont construits; [4, 160] Vénus alors change les coeurs, et elle en prend le nom de Verticordia. O la plus belle des immortelles! abaisse toujours un regard bienveillant sur les descendants d'Énée; protège, ô déesse, tes innombrables belles-filles!

Pendant que je parle, le Scorpion, qui redresse toujours sa queue armée d'un aiguillon redoutable, se précipite au sein des ondes azurées.

[4, 165] Quand la nuit s'est écoulée, que les premières rougeurs de l'aurore apparaissent aux cieux, et que les oiseaux gazouillent éveillés par la rosée; lorsque le voyageur, pour