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avec la guerre; je maintenais la paix; je veillais sur les portes; et il ajouta, en montrant sa clef: "voilà mes armes."

[1, 255] Le dieu se taisait; ma bouche alors s'ouvrit, et mes paroles provoquèrent de nouveau les siennes: "Pourquoi, de tous les temples qui te sont consacrés, celui qui touche à deux Forums est-il le seul où l'on adore ton image?" Le dieu, caressant d'une main la barbe qui descend sur sa poitrine, [1, 260] me raconta aussitôt la guerre de Tatius, descendant d'Oebalus; comment une gardienne perfide, séduite par des bracelets d'or, avait montré le chemin de la citadelle au chef des Sabins. Alors, comme aujourd'hui, existait cette pente rapide par laquelle vous descendez du Capitole, dans la vallée et du côté des places publiques. [1, 265] Déjà ils étaient arrivés à la porte dont Junon, pour vous perdre, avait enlevé les serrures; n'osant engager une lutte contre cette auguste déesse, je tirai parti de mes attributions pour déjouer ses projets à mon tour. C'est à moi qu'il appartient d'ouvrir un passage aux fontaines, je l'ouvris; [1, 270] je fis jaillir les eaux en nappes soudaines, après avoir eu soin d'embraser du soufre sous la source glacée, afin que ce torrent bouillonnant fermât le chemin à Tatius. La ruse réussit, les Sabins furent repoussés. Le danger une fois passé, le lieu reprit sa forme première; [1, 275] ce fut là qu'on m'éleva un petit temple et qu'on me dressa un petit autel où la flamme sacrée consume le froment et les gâteaux."

"Mais pourquoi vous cacher pendant la paix, et sortir de votre retraite au cliquetis des armes?" - Je reçus aussitôt cette réponse: "Pour que le peuple, parti pour la guerre, ne rencontre aucun obstacle à son retour, [1, 280] les serrures tombent, et ma porte s'ouvre tout entière; la guerre terminée, je ferme mon temple, pour que la paix ne trouve aucune issue, et il en sera longtemps ainsi, grâce au nom redouté des Césars." Il dit, et, portant ses regards dans des directions différentes, il embrasse d'un coup d'oeil ce qui se passait sur la terre. [1, 285] La paix régnait, et déjà le Rhin, ô Germanicus, vous avait vu conquérir les honneurs du triomphe, par la soumission de ses ondes rebelles. Faites, Janus, que nous conservions éternellement la paix et les héros qui nous la donnent. Que celui à qui nous devons un bien si précieux veille à jamais sur son ouvrage.

Voici maintenant ce qu'il m'a été permis de lire dans les Fastes mêmes. [1, 290] En ce jour, nos pères consacrèrent deux temples. L'île que le Tibre entoure de ses deux bras reçut Esculape, né de Phébus et de la nymphe Coronis; Jupiter y réside aussi, et dans ce séjour, que les deux divinités se partagent, le temple de l'aïeul et celui du petit-fils s'élèvent à côté l'un de l'autre.

[1, 295] Mais qui m'empêche de chanter les étoiles, leur lever, leur coucher? C'est une tâche que j'ai promis aussi d'accomplir. Heureux les esprits