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LES FASTES

LIVRE PREMIER.


Je chanterai l’année romaine, ses divisions, leurs causes ; je dirai quand les constellations apparaissent, quand elles descendent sous l'horizon. Accueillez cet ouvrage, Germanicus César(1), avec un sourire bienveillant : dirigez la course de mon timide navire ; ne dédaignez pas un mmlesle hommage : ce livre se donne à vous ; soyez-lui propice. J’exhumexai des antiques annales pour les faire passer devant vos yeux, et nos cérémonies religieuses et les événements qui ont signalé tels et tels jours ; vous reconnaîtrez, parmi nos fêtes, celles qui sont pour votre famille l’objet d’un culte domestique ; plus d’une fois vous lirez le nom de votre père, le nom de votre aïeul ; et l’honneur qu’ils ont obtenu d’être inscrits dans nos fastes, un jour aussi vous l’obtiendrez, ainsi que Drusus votre frère(2).

Que d’autres célèbrent les exploits de César ; moi je parlerai des autels qu’il a élevés, des nouvelles solennités qu’il a instituées. Secondez mes efforts au milieu de ces chants, où doit éclater la gloire de vos ancêtres ; chassez de mon cœur les craintes inquiètes : que j’espère en votre appui, et je me sentirai inspiré. Il ne faut qu’un de vos regards pour soutenir ou décourager mon génie. La page où j’ai tracé ces vers semble frissonner, dans l’attente du jugement d’un savant prince, comme si je l’envoyais au tribunal même du dieu de Claros. Nous avons senti en effet le charme tout-puissant de sa parole, quand il combattait avec les armes de l’éloquence pour des accusés tremblants, et, si un élan soudain l’emporte vers la poésie, nous savons en quels flots abondants sa verve s’épanche. Si je le puis donc, si les dieux le permettent, ô poëte, laissez un poëte vous remettre les rênes de son char, afin que, sous