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me demandais-je tout rêveur ; quelle en est la cause ? est-ce un dieu, est-ce le suc d’une plante ? mais quelle plante a donc une telle vertu ? » Et je cueille une poignée d’herbes, et je les mords avidement. À peine leurs sucs inconnus ont-ils humecté ma langue, je sens tout mon être bouleversé, mon âme ravie vers un autre élément par un indicible amour. Je ne puis résister : terre, adieu ! adieu pour toujours ! et je me plonge sous les eaux. Les dieux de la mer me reçoivent, et m’associent à leur pouvoir : à leur prière, Téthis et l’Océan me dépouillent de ma nature mortelle ; ils me purifient : ils prononcent neuf fois une formule sacrée, et m’ordonnent de plonger mon corps dans les eaux de cent fleuves. J’obéis ; et cent fleuves roulent leurs ondes sur ma tête. Voilà tout ce que je puis dire, tout ce que ma mémoire me rappelle ; je perdis l’usage de mes sens ; et quand je revins à moi, j’avais un autre corps, un autre esprit. Alors, pour la première fois, je vis cette barbe verdâtre, cette longue chevelure qui traîne au loin sur la mer, ces larges épaules, et mes jambes couvertes d’écailles et de nageoires. Mais à quoi bon cette nouvelle forme ? À quoi bon la faveur des divinités de la mer. Que me sert d’être dieu, si rien ne doit toucher ton cœur ? » Glaucus allait parler encore ; mais Scylla ne l’écoute plus : elle fuit. Le dieu frémit de colère : le dédain irrite sa passion : il va trouver, dans son palais rempli de monstres, Circé, la fille du Soleil.


(1) Ulysse, suivant une tradition, n’était pas fils de Laërte, mais du brigand Sisyphe, qui avait surpris sa mère Anticlée.

(2) Anticléo, mère d’Ulysse, était fille d’Autolycus, et par conséquent petite-fille de Mercure.

(3) Phthie, où habitait Pélée ; Scyros, où était resté Pyrrhus, qu’Achille avait eu pendant son séjour dans cette île, de Déidamie, fille du roi Lycomède.

(4) V. l’Iliade, II.

(5) Dolon s’était fait promettre les chevaux d’Achille pour prix de son expédition nocturne.

(6) Ulysse semble mentir, pour rabaisser son rival ; car Homère dit qu’Hector fut blessé par Ajax. V. Iliade, XVI, 260 et suiv.

(7) La diphthongue αἴ se trouve dans le nom d’Ajax, Αἴας ; elle exprime aussi chez les Grecs le cri de la douleur, αἴ, αἴ.

(8) Les hommes de Lemnos avaient abandonné leurs femmes pour leurs esclaves. Les Lemniennes les égorgèrent tous pendant une nuit, et Hypsipyle seule sauva Thoas, son père.

(9) Hécube était tombée en partage à Ulysse.

(10) Ce lieu se nommait Cynosséma, κυνός σήμα, tombeau de la chienne.

(11) Memnon, fils de l’Aurore et de Tithon, et roi d’Éthiopie, était le neveu de Priam, puisque Priam était frère de Tithon.

(12) Il y avait deux Myla, l’une en Sicile, l’autre en Crète.

(13) Thèbes était ravagée par la peste : l’oracle déclara que pour faire cesser le fléau, il fallait le sacrifice volontaire de deux jeunes filles. Métiochée et Ménippe, filles d’Orion, se dévouèrent pour leur patrie.

(14) Apollon, Hercule et Diane se disputèrent Ambracie ; et Apollon changea en rocher Cragaléus, qui avait été choisi pour juger du débat, et qui avait prononcé en faveur d’Hercule.

(15) Ovide appelle Apollon Actiacus, parce que ce dieu avait, disait-on, porté secours à Auguste dans le combat naval d’Actium

(16) Munychus, roi des Molosses, avait trois fils et une fille. Des voleurs ayant mis le feu à son palais, Jupiter, pour les sauver, les changea en oiseaux.

(17) L’Acie, aujourd’hui il Fiume freddo, est une rivière qui sort de l’Etna, et va se jeter dans la mer.