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les métamorphoses

chassé la nuit : je sors, je cours dans les forêts, et, me reposant, sur le gazon, d’une chasse victorieuse : « Aura, m’écriai-je, viens soulager mes fatigues ; » et soudain je crois entendre je ne sais quels gémissements se mêler à ma voix. Je poursuis : « Viens, ô toi qui m’es si chère. » Au bruit léger que fait encore la feuille desséchée, je ne doute plus que ce ne soit une proie, et je lance mon javelot rapide ; c’était Procris. Blessée au milieu de la poitrine, « Je suis morte, » s’écrie-t-elle. À peine ai-je reconnu la voix d’une épouse fidèle, éperdu, j’accours à ses cris : je la trouve presque inanimée, ses vêtements en désordre et souillés de sang ; je la vois, ô comble du malheur ! retirant de sa blessure le dard qu’elle m’avait donné. Je soulève dans mes bras criminels ce corps qui m’est plus cher que le mien ; avec un lambeau du tissu qui couvre son sein, je ferme sa cruelle blessure, et je m’efforce d’arrêter son sang ; je la conjure de ne pas me laisser flétrir du crime de sa mort. Déjà ses forces l’abandonnent, et, mourante, elle fait un dernier effort pour m’adresser ce peu de mots : « Au nom des droits sacrés de l’hymen, au nom des droits du ciel et de ceux qui m’attendent, je t’en supplie, au nom de ta tendresse, si je l’ai méritée, au nom de cet amour qui cause mon trépas et qui vit encore au moment où j’expire, ne permets pas qu’Aura me remplace, à titre d’épouse, dans ma couche nuptiale. » À ces mots, je sens, j’apprends enfin qu’un nom seul a causé son erreur ; mais que me sert de l’apprendre ? Elle succombe, et ses forces épuisées se perdent avec son sang ; tant que ses yeux peuvent s’ouvrir, ils se fixent sur moi ; pressée contre mon sein, elle exhale sur mes lèvres son âme infortunée : mais sûre de ma fidélité, elle semble expirer avec moins de regret. »

Le héros pleurait en contant ses malheurs, et ceux qui l’écoutaient versaient aussi des larmes. Cependant Éaque entre, suivi de ses deux autres fils et de nouveaux soldats couverts d’armes véritables : Céphale reçoit ces guerriers.


(1) La plupart des Argonautes se prétendaient issus de Minyas, dont la petite-fille fut mère de Jason.

(2) Phinée, roi de Thrace, coupable d’avoir abusé du don de divination, fut puni par la perte de la vue et par le supplice des Harpies.

(3) Le Phasis, fleuve de la Colchide, avait son embouchure dans le Pont-Euxin.

(4) Phryxus, fils d’Athamas, roi de Thèbes, obligé de s’expatrier sur un bélier à toison d’or qu’il avait reçu de Mercure, à son arrivée à Culehos, le sacrifia au dieu Mars, et suspendit sa toison aux branches d’un hêtre sacré. Après sa mort, son ombre apparut au roi de la Colchide, et lui révéla que la destinée de l’empire était attachée à la toison d’or.

(5) Calciope était sœur de Médée et femme de Phryxus. Inquiète sur l’héritage paternel de ses enfants, elle s’intéressait aux Grecs.

(6) Cyanée et ses montagnes.

(7) Bancs de rochers escarpés, qui, s’avançant au milieu de la mer de Sicile, forment un détroit fameux entre Messine et Reggio. Charylde est le nom du côté borde la Sicile, et Scylla celui du côté qui borde l’Italie.

(8) Hécate présidait aux enchantements ; elle était la même que Proserpine, Diane et la Lune. Elle était appelée Lune dans les cieux, Diane sur la terre, et Proserpine dans les enfers. De là le nom de triple déesse.

(9) Le Soleil, père d’Œéta.

(10) Minerve fit présent à Œéta d’une partie des dents du serpent tué par Cadmus.

(11) Témèse était une ville célèbre par ses mines d’airain.

(12) Bœbès, ville et lac de Thessalie.

(13) Authédon, petite ville de la Béotie, sur le détroit de l’Euripe.

(14) La métamorphose de Glaucus est racontée liv. XIII, v. 925 et suiv.

(15) Le strix était un oiseau nocturne et fabuleux qu’on croyait se glisser dans le berceau des enfants pour sucer leur sang. Ovide le décrit dans ses Fastes, liv. VI, v. 133.

(16) On sait que Cérambus, habitant du mont Othrys, se retira sur le Parnasse pour échapper au déluge, et qu’il fut changé en escargot ou en scarabée.

(17) Ces mots désignent probablement le serpent de Lesbos.

(18) Thyonéus était fils de Bacchus et d’Ariane.

(19) Coryte était fils de Pâris et d’Œnone, célèbre par sa beauté.

(20) Méra était une chienne d’Icare, mise avec lui au rang des astres, parce que ses aboiements avaient indiqué le lieu où son maître avait été tué par des bergers de l’Attique.

(21) Les femmes de Cos furent changées en génisses, pour avoir osé se dire plus belles que Vénus.

(22) Les Telchines étaient de puissants magiciens adorés à Jalysie, une des trois plus anciennes villes de l’Île de Rhodes

(23) Il n’est pas question ici de la Tempé de Thessalie, mais de celle de Béotie, au pied du mont Teumésus.

(24) Éphyre était l’ancien nom de Corinthe.

(25) Jason avait délaissé Médée pour la fille de Créon, roi de Corinthe. Médée, afin de se venger, fit faire par ses enfants, à la nouvelle épouse de Jason, un présent empoisonné. À peine l’eut-elle reçu, qu’elle devint la proie des flammes avec son père et son époux. À la vue de l’incendie, Médée tua ses enfants et s’éloigna de Corinthe.

(26) Il s’agit sans doute de la femme de Périphas, roi d’Athènes, plus ancien que Cécrops, lequel fut, à la prière d’Apollon, métamorphosé en aigle par Jupiter, et préposé à la garde de ses foudres

(27) La petite fille de Polypémon était Halcyone, fille de Scyron, que son père précipita dans la mer, pour la punir de ses débordements, et qui fut changée en oiseau.

(28) Ce mot vient du grec ακόνη pierre à aiguiser. — Voir Nicandre, Alexipharmaca XLII. — Théophraste pense que le nom de cette plante vient de celui d’Acon (Aconitum), bourg de Bithynie, qui produisait beaucoup d’aconit.

(29) Cromyon était une contrée voisine de Corinthe.

(30) Le fils de Vulcain était Périphétès.

(31) Anaphe était une île de la Méditerranée, dans la mer de Crète ; c’est aujourd’hui Nanfio.

Astypale, île de la mer Égée.

Mycone, une des Cyclades.

Cimole, une des Sporades, dans la mer de Crète.

Cythne, aujourd’hui Termie.

Scyros, une des Cyclades, vis-à-vis l’Île d’Eubée.

Sithone, nom donné à une partie de la Thrace limitrophe de la Macédoine. La fable d’Arné changée en chouette est fort peu connue, ainsi que plusieurs autres qu’Ovide rapporte dans ce livre.

Oliare, petite île de l’Archipel.

Didyme, une des îles Æoliennes, près de la Sicile.

Ténos, une des Cyclades, aujourd’hui Tine.

Andros, la première des Cyclades.

Gyare, aujourd’hui Joura, une des Sporades.

Péparèthe, une des Cyclades, aujourd’hui Seraquino.

(32) On peut comparer cette description de la peste avec celle qu’on trouve dans le IIIe livre des Géorgiques, et que Lucrèce a faite dans le VIe livre de son poëme de rerum natura.

(33) Cette rivale était Égine, que Jupiter rendit mère d’Éaque.

(34) Le petit-fils de Nérée était Phocus, fils d’Éaque et de Psamathe, fille de Nérée.

(35) Puisque Céphale dit tenir ce javelot de Procris, on ne voit pas pourquoi il rougirait d’avouer à quel prix.

(36) Aura signifie airs, vents légers, Zéphyrs. Pline parle de deux statues appelées Auræ qu’on admirait de son temps à Rome. Ces divinités sont représentées dans les peintures antiques vêtues de longs voiles légers et flottants ; compagnes des Zéphys, elles sèment des fleurs dans les airs.