Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/375

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la dernière main. Pourquoi saurais-je à quelle cause est due la blancheur de votre teint ? Fermez la porte de votre chambre, et ne me montrez pas un ouvrage imparfait. Il est une foule de choses que les hommes doivent ignorer : la plupart de ces apprêts nous choqueront, si vous ne les dérobez à nos yeux. Voyez ces décors brillants qui ornent la scène : examinés de près, ce n’est qu’un bois recouvert d’une mince feuille d’or. Mais on ne permet aux spectateurs d’en approcher que lorsqu’ils sont achevés : ainsi ce n’est qu’en l’absence des hommes que vous devez préparer vos attraits factices.

Je ne vous défends point cependant de faire peigner vos cheveux devant nous ; j’aime à les voir tomber en tresses flottantes sur vos épaules. Mais gardez-vous alors de toute humeur chagrine, et ne retouchez pas trop souvent à vos boucles. Que la coiffeuse n’ait rien à craindre de vous : je hais ces mégères qui lui déchirent la figure avec leurs ongles ou qui lui enfoncent des aiguilles dans les bras. Elle dévoue aux dieux infernaux la tête de sa maîtresse qu’elle tient entre ses mains, et trempe à la fois de sang et de larmes cette odieuse chevelure. Toute femme qui a peu de cheveux doit mettre une sentinelle à sa porte ou se faire toujours coiffer dans le temple de la Bonne Déesse. Un