Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

couvrons de nos vêtements de honteuses nudités. Si nous ne cherchons pas les ténèbres, nous aimons cependant un peu d’obscurité, quelque chose de moins que le grand jour. Ainsi, lorsque la tuile ne protégeait pas encore la race humaine contre le soleil et la pluie, lorsque le chêne lui fournissait et l’abri et la nourriture, ce n’était pas en plein air, mais dans les antres et au fond des bois, qu’on allait goûter les douceurs de l’amour ; tant cette race encore grossière était soigneuse des lois de la pudeur ! Maintenant nous affichons nos exploits nocturnes, et il semble qu’on ne saurait payer trop cher le plaisir de les divulguer. Que dis-je ? N’arrête-t-on pas en tous lieux toutes les jeunes filles, pour pouvoir dire au premier venu : "En voilà encore une que j’ai possédée ? " Et cela pour en avoir toujours quelqu’une à montrer au doigt, pour que chaque femme signalée de la sorte devienne la fable de la ville. Mais c’est peu, il est des hommes qui inventent des histoires qu’ils désavoueraient si elles étaient vraies : à les entendre, i1 n’est point de femme qui leur ait résisté. S’ils ne peuvent toucher à leur personne, ils peuvent du moins attaquer leur honneur ; et, quoique le corps soit resté chaste, la réputation est flétrie. Va maintenant, odieux gardien, ferme la porte sur ta maîtresse ; renferme-