Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/352

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Crois-m’en, ce ne sont point là les avis d’un simple mortel, mais des oracles aussi sûrs que ceux de Dodone : c’est le plus sublime précepte de l’art que j’enseigne. Ta maîtresse fait-elle à ton rival des signes d’intelligence : souffre-le ; lui écrit-elle : ne touche point à ses tablettes. Laisse-la librement aller et venir où bon lui semble : tant de maris ont cette complaisance pour leurs épouses légitimes, surtout lorsqu’un doux sommeil vient aider à les tromper ! Pour moi, je l’avouerai, je ne puis atteindre à ce degré de perfection. Qu’y faire ? je ne suis pas à la hauteur de mon art. Quoi ! je verrais un rival faire, moi présent, des signes à ma belle, et je le souffrirais ! et je ne donnerais pas un libre cours à ma colère ! Un jour, il m’en souvient, son mari lui avait donné un baiser ; je me plaignis de ce baiser : tant l’amour est plein d’injustes exigences ! Hélas ! ce défaut m’a nui bien souvent près des femmes ! Plus habile est celui qui permet à d’autres d’aller chez sa maîtresse. Mais le mieux est de tout ignorer. Laisse-la cacher ses infidélités, de peur que l’aveu forcé de ses fautes ne lui apprenne à ne plus rougir. Jeunes amants ! gardez-vous donc de surprendre vos maîtresses ; qu’en vous trompant elles vous croient dupes de leurs belles paroles. Deux amants surpris ne s’en aiment que