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lit le traité de paix ; elle s’adoucira. C’est là que, sans armes, habite la pacifique Concorde ; c’est là, crois-moi, que naquit le Pardon. Les colombes qui viennent de se battre unissent plus amoureusement leurs becs ; leur roucoulement semble plein de caresses et dit quel est leur amour.

La nature ne fut d’abord qu’une masse confuse et sans ordre, où gisaient pêle-mêle les cieux, la terre et l’onde. Bientôt le ciel s’éleva au-dessus de la terre, la mer l’entoura d’une liquide ceinture ; et de ce chaos informe sortirent les éléments divers. La forêt se peupla de bêtes fauves, l’air d’oiseaux légers ; les poissons se cachèrent sous les eaux. Alors les hommes erraient dans les campagnes solitaires, et la force était l’unique partage de ces corps grossiers et endurcis. Ils avaient les bois pour demeure, l’herbe pour nourriture, les feuilles pour lit ; et pendant longtemps chacun vécut ignoré de son semblable. La douce volupté amollit, dit-on, ces âmes farouches, en réunissant sur la même couche l’homme et la femme. Ils n’eurent besoin d’aucun maître pour apprendre ce qu’ils avaient à faire : Vénus, sans le secours de l’art, remplit son doux office. L’oiseau a une femelle qu’il aime ; le poisson trouve au milieu des ondes une