Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/340

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Admis à partager sa couche, tu pourras adorer ce qui fait ton bonheur, et, d’une voix tremblante de plaisir, exprimer ton ravissement. Oui, fût-elle plus farouche que l’effrayante Méduse, elle deviendra douce et traitable pour son amant. Surtout sache dissimuler avec adresse et sans qu’elle puisse s’en apercevoir, et que ton visage ne démente point tes paroles. L’artifice est utile lorsqu’il se cache ; s’il se montre, la honte en est le prix ; et, par un juste châtiment, il détruit pour toujours la confiance.

Souvent, vers l’automne, lorsque l’année se montre parée de tous ses charmes, lorsque la grappe vermeille se gonfle d’un jus pourpré, lorsque nous éprouvons tour à tour un froid piquant ou une chaleur accablante, cette inconstance de la température nous jette dans la langueur. Puisse alors ta maîtresse se bien porter ! mais, si quelque indisposition la retenait au lit, si elle ressentait la maligne influence de la saison, c’est alors que doivent éclater ton amour et ton dévouement ; c’est alors qu’il faut semer pour recueillir plus tard une ample moisson. Ne te laisse point rebuter par les soins que réclame sa triste maladie ; que tes mains lui rendent tous les services qu’elle voudra bien accepter ; qu’elle te voie pleurer ; qu’aucune répugnance