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tu croiras utile, tâche d’amener ton amie à te prier de le faire. Si tu as promis la liberté à un de tes esclaves, c’est à elle qu’il devra s’adresser pour l’obtenir ; si tu fais grâce à un autre du châtiment et des fers qu’il a mérités, qu’elle t’ait obligation de cet acte d’indulgence auquel tu étais résolu. Tu en recueilleras l’avantage ; laisse-lui en l’honneur : tu n’y perdras rien, et elle se croira tout pouvoir sur toi.

Mais, si tu as à cœur de conserver l’amour de ta maîtresse, fais en sorte qu’elle te croie émerveillé de ses charmes. Est-elle revêtue de la pourpre de Tyr : vante la pourpre de Tyr. Sa robe est-elle d’un tissu de Cos : dis que les robes de Cos lui vont à ravir. Est-elle brillante d’or : dis-lui qu’à tes yeux l’or a moins d’éclat que ses charmes. Si elle endosse les fourrures d’hiver, approuve ces fourrures ; si elle s’offre à tes yeux vêtue d’une légère tunique : "Vous m’enflammez," crieras-tu ; mais prie-la, d’une voix timide, de prendre garde au froid. Si ses cheveux sont séparés avec art sur son front, loue ce genre de coiffure ; s’ils sont frisés avec le fer : "La charmante frisure ! " diras-tu. Admire ses bras quand elle danse, sa voix quand elle chante, et quand elle cesse, plains-toi qu’elle ait fini si tôt.