corps. La beauté est un bien périssable ; avec les années, elle ne cesse de décroître : elle s’altère par sa durée même. Les violettes et les lis épanouis ne fleurissent pas toujours ; et la rose une fois tombée, sa tige dépouillée n’a plus que des épines. Ainsi, bel adolescent, bientôt blanchiront tes cheveux ; ainsi les rides viendront sillonner ton visage. Pour relever ta beauté, forme-toi un esprit à l’épreuve du temps : c’est le seul bien qui nous accompagne jusqu’au tombeau. Donne un soin assidu à la culture des beaux arts, à l’étude des deux langues. Ulysse n’était point beau, mais il était éloquent ; et deux déesses éprouvèrent pour lui les tourments de l’amour. Que de fois Calypso gémit de le voir hâter son départ, et prétendit que les flots ne permettaient pas de mettre à la voile ! Sans cesse elle lui redemandait l’histoire de la chute de Troie, qu’il redisait sans cesse sous une forme nouvelle. Un jour, ils étaient arrêtés sur le rivage ; la belle Nymphe voulait qu’il lui racontât la fin cruelle du roi de Thrace. Ulysse, avec une baguette légère qu’il tenait par hasard à la main, lui en traçait l’image sur le sable. "Voici Troie, lui dit-il (et il en figurait les remparts).
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