Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/329

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fils ! lui crie-t-il, où es-tu ? vers quel point du ciel diriges-tu ton vol ? Icare ! " Il l’appelait encore, quand il aperçut des plumes flottant sur les ondes. La terre reçut les restes d’Icare, et la mer garde son nom.

Minos ne put empêcher un mortel de fuir avec des ailes ; et moi j’entreprends de fixer un dieu plus léger que l’oiseau. C’est une erreur grossière que d’avoir recours à l’art des sorcières thessaliennes, ou de faire usage de l’hippomane arraché du front d’un jeune poulain. Les herbes de Médée, les chants magiques des Marses ne pourraient faire naître l’amour. Si les enchantements avaient ce pouvoir, Médée eût captivé pour toujours le fils d’Eson, Ulysse eût été retenu par Circé. Il est donc inutile de faire boire aux jeunes filles des philtres amoureux : les philtres troublent la raison et n’engendrent que la fureur.

Loin de toi ces coupables artifices ! sois aimable, et tu seras aimé. La beauté du visage, l’élégance de la taille ne te suffiront point pour cela. Fusses-tu Nirée, jadis tant vanté par Homère, fusses-tu le tendre Hylas, enlevé par les coupables Naïades ; pour fixer ta maîtresse, et pour n’être pas surpris un jour d’être quitté par elle, joins les dons de l’esprit aux avantages du