Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/307

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en les lisant, se trouva prise par ses propres paroles.

Jeunes Romains, suivez mes conseils : livrez-vous à l’étude des belles-lettres ; non pas seulement pour devenir les protecteurs de l’accusé tremblant : aussi bien que le peuple, que le juge austère, aussi bien que les sénateurs, cette élite des citoyens, la beauté se laisse vaincre par l’éloquence.

Mais cache bien tes moyens de séduction, et ne va pas tout d’abord étaler ta faconde. Que toute expression pédantesque soit bannie de tes tablettes. Quel autre qu’un sot peut écrire à sa maîtresse sur le ton d’un déclamateur ? Souvent une lettre prétentieuse fut une cause suffisante d’antipathie. Que ton style soit naturel, ton langage simple, mais insinuant ; et qu’en te lisant on croie t’entendre. Si elle refuse ton billet et te le renvoie sans le lire, [espère toujours qu’elle le lira, et persiste dans ton entreprise. L’indomptable taureau s’accoutume au joug avec le temps ; avec le temps on force le coursier rétif à obéir au frein. Un anneau de fer s’use par un frottement sans cesse renouvelé, et le soc est rongé chaque jour par la terre qu’il déchire. Quoi de plus solide que le rocher, de moins dur que l’eau ; et cependant l’eau creuse les rocs les plus durs. Persiste donc, et avec le