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belle gémit de l’affront qu’elle a reçu d’une rivale, et fais en sorte qu’elle trouve en toi un vengeur. Le matin, à sa toilette, en arrangeant ses cheveux, la suivante irritera son courroux ; pour te servir, elle s’aidera de la voile et de la rame, et dira tout bas, en soupirant : "Je doute que vous puissiez rendre la pareille à l’ingrat qui vous trahit." C’est l’instant propice pour parler de toi : qu’elle emploie en ta faveur les discours les plus persuasifs ; qu’elle jure que tu meurs d’un amour insensé. Mais il faut se hâter, de peur que le vent ne se retire et ne laisse retomber les voiles. Semblable à la glace fragile, le courroux d’une belle est de courte durée.

Mais, diras-tu, ne serait-il pas à propos d’avoir d’abord les faveurs de la suivante ? Cette façon d’agir est très chanceuse. Il est telle suivante que ce moyen rendra plus soigneuse de tes intérêts, telle autre dont il ralentira le zèle : l’une te ménagera les faveurs de sa maîtresse ; l’autre te gardera pour elle-même. L’événement seul peut en décider. En admettant qu’elle encourage tes entreprises, mon avis est qu’il vaut mieux s’abstenir. Je n’irai point m’égarer à travers des précipices et des rochers aigus ; la jeunesse qui me suit est en bon chemin avec moi. Si cependant la suivante, quand elle donne ou reçoit un