Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/290

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Depuis, fidèles à cette coutume antique, les théâtres n’ont pas cessé, jusqu’à ce jour, de tendre des pièges à la beauté.

N’oublie pas l’arène où de généreux coursiers disputent le prix de la course ; ce cirque, où se rassemble un peuple immense, est très favorable aux amours. Là, pour exprimer tes secrets sentiments, tu n’as pas besoin de recourir au langage des doigts, ou d’épier les signes, interprètes des pensées de ta belle. Assieds-toi près d’elle, côte à côte, le plus près que tu pourras : rien ne s’y oppose ; le peu d’espace te force à la presser, et lui fait, heureusement pour toi, une loi de le souffrir. Cherche alors un motif pour lier conversation avec elle, et ne lui tiens d’abord que les propos usités en pareil cas. Des chevaux entrent dans le cirque : demande-lui le nom de leur maître ; et, quel que soit celui qu’elle favorise, range-toi aussitôt de son parti. Mais, lorsqu’en pompe solennelle s’avanceront les statues d’ivoire des dieux de la patrie, applaudis avec enthousiasme à Vénus, ta protectrice.

Si, par un hasard assez commun, un grain de poussière volait sur le sein de ta belle, enlève-le d’un doigt léger ; s’il n’y a rien, ôte-le toujours : tout doit servir de prétexte à