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assassinés ; à ceux qui ont été martyrisés dans les prisons et les camps de concentration ; à ceux qui sont morts de douleur et de misère. Tous ont bien mérité de la Patrie. Que leurs noms soient ajoutés à ceux des combattants de 1830, à notre Panthéon là-bas, à la Place des Martyrs !


Messieurs,

Il me tient à cœur de féliciter le pays occupé de la noble attitude qu’il a gardée sous le joug allemand.

Une première pensée va d’abord aux parents des soldats qui sont demeurés presque sans nouvelles pendant quatre ans et demi. Tandis que les combattants des autres armées restaient en contact avec les leurs et qu’ils puisaient les uns et les autres dans l’entretien d’une correspondance affectueuse et, au cours des congés périodiques, un réconfort nécessaire, les Belges du dehors et ceux de l’intérieur se sont trouvés séparés par un mur de plus en plus infranchissable. En dépit des efforts ingénieux et admirables de ceux qui, au péril de leur liberté, se sont appliqués à maintenir de fréquentes relations, la guerre a infligé à nos enfants au front et à leurs parents demeurés au foyer le supplice prolongé de vivre et de souffrir sans savoir ce que la destinée leur réservait. Avec quelle vaillance tout le peuple belge n’a-t-il pas supporté cette épreuve si longue et si cruelle ! Elle devait ajouter chaque jour quelque chose d’aigu aux privations matérielles, aux soucis du lendemain, aux atteintes de la misère. La multiplicité des œuvres d’assistance, si magnifiquement écloses au fur et à mesure des nécessités, a atténué la rigueur d’un pareil régime. On a vu