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Grande fut l’émotion dans l’Hôtel. Les amis de Schérer, ses chefs, vinrent le voir pour aviser aux premiers renseignements ; on se perdait en conjectures.

— C’est bien étonnant, disait un des fonctionnaires de l’Hôtel après la consultation, un homme qui n’a pas d’ennemis !

— J’en ai, des ennemis, dit Schérer, ranimé par cette parole ; qui est-ce qui n’en a pas, des ennemis, bêta !

Revenant à lui par degré, il raconta qu’il s’était vu assailli, à dix heures du soir, par deux hommes qui l’avaient assommé de coups, et qu’il savait d’où partaient les ordres. À la suite de quoi il raconta l’histoire de son mariage et ses suites. Lapointe, qui venait d’arriver, confirma la vérité de ces dépositions.

— Ah ! brigands ! ajouta Schérer en gémissant, ils n’en ont pas fini avec moi, si j’en reviens.

— Tu vois, dit Lapointe cruellement, si j’avais raison… et moi qui pourrais à présent te marier avec Toinette.

Le lecteur saura plus tard ce que c’est que Toinette. Schérer n’eut pas la force de répondre à son impitoyable ami. On se doute qu’il fut immédiatement rédigé un procès-verbal de l’événement. Dès que Schérer put parler, il s’empressa de donner son assentiment aux projets de poursuites judiciaires. On pense aussi que la justice, maladroitement instruite d’avance par les sollicitations de Baffi, fut vite au courant de l’intrigue ; et les premières mesures du magistrat, guidé par les indications du blessé, furent un mandat de comparution pour ledit Baffi, domicilié rue Lepelletier, numéro 9. Ô surprise ! on apprit là que M. le comte était parti subitement pour l’étranger. C’était une