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rière à bras le corps. Baffi dès lors se précipita sur son adversaire, les voisins aidèrent et l’on parvint à traîner dans l’escalier Schérer, ivre de rage, qui ne cessait de crier :

— Concierge ! je te prends à témoin… tu as vu mes papiers… elle est ma femme légitime.

Et ces cris étaient bien (le portier et les voisins étaient présents) les pires coups qu’il pût porter à ses adversaires.

Cela fit un bruit horrible dans la maison. On connaît les suites ordinaires de ces événements sur les nerfs de Cécile. Nous tirerons le voile sur la scène déplorable qui suivit. Cécile y fit merveille de sanglots et de pâmoisons, madame Fressurey sua et souffla comme il convenait à la gravité de son rôle ; et Baffi, instruit de tout, touché de tout, pardonnant tout, finit par dire qu’il n’en aimait sa Cécile que davantage, et qu’il l’aimerait jusqu’à la mort (style épistolaire).

Nous passons à une scène plus tragique, quoique moins bruyante, et je n’ai rien moins à montrer au lecteur que l’aspect sinistre de Schérer et de son ami Lapointe marchant côte à côte, le lendemain de la fête, sur le boulevard de Gand. Il était neuf heures du matin. Il fallait d’étranges événements pour amener là ces deux hommes. Ils parlaient peu, marchaient la tête basse, d’un air résolu, s’arrêtant de temps à autre pour s’enquérir du chemin. Tout donnait à croire qu’il s’agissait entre eux d’une démarche de la dernière gravité. Ils s’arrêtèrent dans la rue Lepelletier au numéro 9, et, se présentant de front devant la loge du portier, Schérer demanda M. Baffi.