Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Moi ? impertinent ! Vi demandez ce que ze fais là ? Sortez vite, mizérable !

— Oh ! mon cadet, s’écria Schérer son chapeau de travers, tu te vends toi-même ; c’est donc toi qui me détruis mon honneur pendant que je suis absent !

Cécile, dès les premiers mots de cette scène, était tombée à la renverse. La mère, revenant d’accompagner ces dames, se jette entre ces deux hommes. Baffi, l’écume à la bouche, se tenait toutefois à distance, tremblant de fureur et d’épouvante, car Schérer, plus haut de deux pieds, était véritablement terrible à voir. Pour celui-ci, il ne sortait de son gosier que des cris rauques, entrecoupés, toujours les mêmes.

— C’est ma femme : … ma femme légitime !… J’ai mes papiers…, le concierge les a vus, mes papiers, c’est mon épouse… légitime ! entends-tu, gringalet ?

— Portier ! portier ! s’écriait Baffi hors de lui, fuyant l’étreinte de son ennemi chancelant. — Oh ! ma réputation ! ma réputation ! criait Cécile en se roulant sur son tapis.

— Renault ! criait enfin madame Fressurey.

Il n’était pas besoin de tant crier, car le portier, friand de scandale, venait de lui-même avec sa femme et certain nombre de voisins ; ce renfort ranima le désespoir de Baffi, qui appelait à son aide.

— Moun domestique ! moun domestique !

— J’ai des papiers, gringalet… Je les ai montrés au concierge ; madame est mon épouse !… ma femme légitime !

Le portier, en sa qualité de portier, se rangea du parti du plus fort et du plus riche ; il saisit l’invalide par der-