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rend à madame Fressurey toute la force du désespoir ; elle dit à sa fille tous bas : Tiens-toi, ou tout est perdu, — et se précipite au devant du comte dans le corridor, en s’écriant :

— Allons, allons, ceci ne vous regarde pas, jeunes gens ; vous feriez de la peine à Cécile. Rentrez au salon. C’est une petite maladresse ; je vous conterai ça. N’abandonnez pas ces dames.

Baffi, riant sans savoir pourquoi, se laisse entraîner et rentre au salon.

— Quand ils seraient vingt, grommelait Schérer, j’entrerai. Les affaires avant tout. On est marié ou on ne l’est pas, de deux choses l’une.

— Je suis à vous, mon bon monsieur Schérer, lui dit gracieusement madame Fressurey.

— À la bonne heure, voilà une femme !

— Écoute, Cécile, dit tout bas la mère à la fille tremblante, ne t’étonne de rien, ne t’inquiète de rien, rentre au salon. Je vais te tirer de là ; fie-toi à petite mère, du courage et de l’aplomb.

Et, poussant sa fille dans le couloir :

— Monsieur Renault, allez donc placer le plateau, dit-elle au portier.

Elle courut à l’invalide qu’elle prit par le bras et attira dans un coin.

— Je suis bien enchanté de vous voir, mon bon monsieur Schérer ; nous voulions vous pousser une visite un de ces jours, mais il a fait si mauvais ! Enfin puisque vous voilà… Vous voulez entrer, vous voulez vous reposer un moment, n’est-ce pas ?