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et Cécile Fressurey, rentière, etc… Qu’est-ce que tu dis de ça, Moustapha ? En v’la-t-il des papiers publics ? Ah ! on veut nous couper les vivres !

— Je te l’avais bien dit ! s’écria madame Renault.

— Eh bien ! après tout, reprit le portier, qu’est-ce que vous voulez que je fasse à ça ? J’ai des ordres, faut s’y conformer. On m’a recommandé de vous empêcher de monter.

— Comment, criquet ! puisque tu reconnais mes titres là-dessus, tu vois bien que je suis chez moi ; tu fermes la porte à ton maître, car tu n’es qu’un domestique.

Une pantomime fort vive accompagnait ces éclats de voix.

— Je vous dis encore une fois…

— Je te dis que je vais te casser en miettes, si tu me fatigues de tes observations. Faut que j’entretienne mon épouse en particulier.

— Tiens, au fait, dit tout bas la portière, laisse-le donc monter ; on verra ce que ça deviendra.

Mais le portier n’eut point à se reprocher d’avoir tout à fait livré passage, car Schérer, exécutant, comme il disait, une charge à fond, le poussa rudement et s’ouvrit un chemin vers l’escalier, qu’il ne pouvait franchir très-vite avec sa jambe de bois, ce qui eût donné au portier le temps de l’arrêter ; mais Renault se contenta, pour sauver l’honneur de son poste, de suivre à distance l’invalide en criant :

— Je vous dis que vous ne pouvez pas monter ! Quel obstiné ! Vous forcez la consigne, entendez-vous ? Pour un militaire, ça n’est pas délicat. Je vais chercher la garde, moi !