sentation silencieuse, ou plutôt pour intimider les invités gloutons, et veiller à ce que rien, comme elle le disait, ne fût gaspillé.
Enfin, après des murmures qui s’élevèrent dans un coin du salon et des supplications combinées d’avance, Cécile se laissa mollement entraîner au piano ; elle y chanta un duo italien avec un grand monsieur, basse superbe, qui toussait horriblement. Si l’on n’écouta guère, on applaudit beaucoup.
Ce mouvement ayant un peu rompu la glace, on annonça un quadrille. Les femmes invitées se levèrent en tumulte ; dans ce désordre, Renault, qui se trouvait engagé avec son plateau au milieu des groupes, augmenta la confusion, Cécile vit sa gaucherie, et se mit à crier comme parlant à son laquais :
— Renault, Renault ! vous encombrez ! qu’il est maladroit ! allez-vous en, Renault !
Mais madame Fressurey, effrayée des suites de cette grande liberté de sa fille et en voyant l’effet sur la physionomie de Renault, se précipita au devant de lui pour lui frayer un passage et réparer le mal autant que possible.
— Monsieur Renault, mon bon monsieur Renault, par ici, — et, faisant à sa fille force signes désapprobatifs, — prenez garde de vous cogner, monsieur Renault. Pardon, que je passe devant vous pour vous éclairer dans le couloir.
Mais ces adoucissements ne firent que blanchir contre la dignité du portier profondément blessée. Comme la contredanse lui laissait un moment de répit, il descendit