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de sa fille et la cajola des deux mains, en rajustant ses cheveux et son fichu.

— Tu conçois bien que je me suis mise en mesure pour parer à cet inconvénient. J’en ai parlé à madame Gidoin, qui est une femme de bon conseil.

— Oui, c’est elle qui nous met dans cette affreuse position.

— Mon Dieu ! elle a fait ce qu’elle a pu, cette femme ; elle ne veut que ton bonheur. Pour lors, un homme de loi va l’aller trouver, cette horreur d’homme, et lui dire rondement qu’à la première inconséquence de sa part, son mois lui sera supprimé : nous le tenons par là. Tu conçois qu’il finira ses amabilités ; en même temps on lui dira que nous sommes à la campagne. Le portier a des ordres sévères. Cette démarche va se faire aujourd’hui, j’aurai la réponse demain ; tu n’as à t’inquiéter de rien. Dans tous les cas, avec des protections, on pourrait faire mettre cet homme au cachot… ou le changer de garnison. Un militaire, on en vient toujours à bout.

Cécile, subjuguée par cette rhétorique qui s’étendit en répétitions, s’apaisa peu à peu ; elle goûta les raisons maternelles, et se flatta elle-même qu’après tout il ne lui serait pas impossible, avec un peu de crédit, de réduire un invalide à l’impossibilité de lui nuire. Néanmoins, ces premiers moments passés, l’épée de Damoclès resta suspendue sur la tête de ces deux femmes. La mère était loin de goûter cette sécurité qu’elle voulait inspirer, et Cécile ne pouvait maîtriser sa crainte, suite d’un si terrible avertissement.

À chaque coup de sonnette, durant ce jour et les sui-