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chambre, dont la porte ouverte lui laissa voir sa mère en grande communication avec la portière, je t’ai pourtant dit bien souvent combien cela me déplaît. Que peux-tu donc avoir à bavarder avec ces gens-là qui ne songent qu’à espionner ?

Mais madame Fressurey, toute pâle et hors d’elle-même, n’eut pas cette fois la force de s’excuser.

— Eh bien, qu’as-tu donc ?

— Rien, dit la mère, d’une voix étouffée.

— Je veux le savoir ; je dois être instruite de ce qui se passe.

— Tu es une ingrate ! dit la mère, vaincue à la fois par l’injuste soupçon de sa fille et la gravité des événements, tu m’accuses… tu me fais des scènes… tandis que je cherche à te cacher des désagréments qui te feraient de la peine.

— Mais quoi donc ? Tu me fais mourir.

— Eh bien, cet homme…

— Cet homme ?

— Qui fait des siennes…

— Qui ?

— Ton mari.

— Mon mari ? dit Cécile surprise.

— Cet homme que tu as épousé…

— Il est venu ici ? reprit Cécile avec un froid désespoir qui lui laissa le courage de poursuivre ses questions.

— Voilà même plusieurs fois. Je voulais te le cacher, parce que je connais ta tête ; la portière a des ordres. Je lui ai bâti une histoire, rien n’est compromis ; mais il vient de temps en temps les tourmenter.