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— Rien, dit la mère en dissimulant, une bagatelle, un monsieur qui est venu.

— Quel monsieur ?

— Un tapissier… qui venait offrir un meuble de salon. On lui a dit qu’il était acheté.

Découvrir l’affreuse vérité à Cécile, c’eût été la jeter dans une suite d’attaques de nerfs dont il n’était pas possible de prévoir la fin. L’excuse de madame Fressurey était bien choisie ; elle nous servira de transition naturelle pour conter les améliorations qui s’étaient nouvellement opérées dans le train de ces dames.

Leur premier soin après le mariage de Cécile fut, comme on pense, de changer de logement pour perdre la trace de leurs antécédents équivoques ; on prit alors l’appartement de la rue de Verneuil. À cette occasion, et comme ces dames allaient alors entrer librement dans le monde, M. le comte, dûment circonvenu, voulut bien faire la dépense d’un nouveau mobilier, ou du moins augmenter l’ancien qui n’était plus en harmonie avec le nouvel appartement plus vaste et plus élégant. La première servante fut renvoyée, et la nouvelle prit le nom de femme de chambre.

Déjà le cercle de ces dames s’était agrandi ; Cécile, remise à la musique, avait noué de nouvelles relations dans le monde des beaux-arts. Les anciens appelaient la table, je crois, l’entremetteuse de l’amitié ; j’en dirais autant du piano et même quelque chose de plus. Je n’affirme point que la nouvelle société fût parfaitement choisie ; c’était du moins ce qu’on peut voir de mieux chez des dames dont l’origine, le nom, l’état, se perdaient en des ténèbres si voisines, et que les visiteurs ne se souciaient point d’ap-